Après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il n'a pas du être facile d'avoir vingt ans, en Allemagne, aux Etats-Unis, en France, en Angleterre, dans le monde occidental, co-responsable de cet holocauste, même si les jeunes gens nés dans le baby-boom étaient, à priori, innocents des crimes commis par des membres de leurs familles, ou par des proches, ou non héritiers du statut de victimes de leurs parents. Un mécanisme réflexe propre aux enfants les conduit à «assumer» une part de responsabilité pour des fautes ou des actes pour lesquels ils sont, pourtant, irresponsables, et, pour la génération des baby-boomers, ces crimes de masse représentaient une horreur et une «révélation» sur l'être-humain, qu'il s'agissait de rendre impossible à nouveau. Leur «insouciance» n'était-elle pas une manière de cacher, de lutter contre, de s'opposer, à leurs soucis, par un visage avenant et semble t-il, éternellement souriant ? Puisque l'aire occidentale était peut-être gangrenée jusqu'aux racines, il fallait en sortir, et ils et elles prirent les chemins du monde, qui, au-delà des frontières occidentales, paraissait innocent, stable dans ses convictions, ses comportements, pas encore touché et concerné par «la technique» et son culte, qui avait joué un si grand rôle dans le cours de la Seconde Guerre Mondiale. Dans cette géographie culturelle, l'Inde hypnotisa des centaines de milliers de ces promeneurs, et parmi les «sages», puisque l'Inde , dernier pays de l'Antiquité, continuait de croire à leur existence, à la réalité de leur sagesse et de leurs savoirs, ces jeunes occidentaux furent prêts à écouter et suivre ceux qui leur parlaient le langage de l'unité du genre humain par-delà les différences perceptibles, états et niveaux de conscience «universels» à l'égard desquels ils n'étaient encore que des enfants, et bien entendu, sésame magique qui ouvre toutes les portes, «amour»,
Love. En une décennie, les Beatles suivirent cette voie, qu'ils enchantèrent – mais vers quoi conduisaient-ils, poussaient-ils ou suivaient-ils ce troupeau ? Qu'est-ce que ces pélerins ont trouvé et ramené de leur périple et de leurs rencontres ? Il suffit de les écouter pour entendre qu'ils ont, certes, «acquis» des convictions, mais aussi qu'ils ont, surtout, «ressenti des sensations», de bien-être, qu'ils ont confondu avec le bien lui-même, comme si le fait d'être, soi, «en paix» avec le monde suffisait à contribuer de manière décisive à ce que le monde soit en paix. En fait, ce qu'ils ont fini par trouver n'était-il pas ce qu'ils cherchaient, désiraient, secrètement, depuis le début de leur voyage, à savoir l'indifférence ? Car, par le fait de n'être plus sensible ni perturbé par les évènements et les éléments de l'environnement, l'in-différence, cet état stable d'une intériorité apparemment forte, ils ont pu, enfin, se débarrasser de la culpabilité presque native qu'ils traînaient, et ils ont pu revenir en Occident, vivre et travailler, sans se soucier. La «purge indienne» a remarquablement fonctionné, mais l'Inde ne leur a pas fait d'autres cadeaux, puisque l'Inde ne fait pas de cadeaux, mais, malgré les années, la distance, ont-ils pris le temps de réfléchir sérieusement à l'Inde elle-même ? Méritait-elle d'être placée sur la première marche du podium des «civilisations» ? Quels sont les fondements de l'Inde et de sa stabilité ? Le système des castes est-il «humaniste» ? La violence et les violences ne sont-elles pas déterminantes dans cette «stabilité», apparente ? N'existe t-il aucun lien substantiel entre cette Inde plurimillénaire, portée aux sacrifices humains, et ce national-socialisme occidental, si criminel, mais dont les dirigeants n'hésitaient pas à afficher la fameuse Svastika ? Plutôt que d'échapper au piège, ils sont remontés à la source historique et «spirituelle» de ce labyrinthe du Minotaure, aryen...
http://www.liberation.fr/actualite/monde/221726.FR.php
"Des centaines de milliers d'hindous hors-caste ont déferlé sur la ville de Mumbai (Bombay), hier, afin de rendre hommage à leur leader historique, Bhimrao Ramji Ambedkar, à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort. Estimée à plus de 800 000 personnes, une véritable marée humaine a en effet convergé tout au long de la journée vers le quartier de Dadar, au centre-ville, pour se recueillir sur le mémorial d'Ambedkar, le héros incontesté des 170 millions de dalits , ou intouchables, qui constituent le plus bas échelon du système social hindou. Considérés comme impurs par les hautes castes, les dalits (littéralement les «opprimés») sont traditionnellement chargés des tâches les plus ingrates au sein de la société, du nettoyage des latrines à l'incinération des cadavres en passant par l'évacuation des déchets. "
Rédigé par : grellety | 07/12/2006 à 10:38