Cette émission ci-dessous est emblématique de ce qui s'est passé dans cette période par la constitution des camps, avec les pro et les anti, Raoult. Opposition, pénible, stérile, parce qu'il n'y a aucune raison de verser dans un tel risque de fanatisme/dogmatisme. Contre les contre : le professeur Raoult n'a pas vanté un remède contre le #Sars-Cov.2, puisque la substance dont il s'est fait le promoteur était selon lui, bénéfique, et seulement, bénéfique, par une administration sous contrôle médical en début d'infection de la maladie (afin de faire baisser la charge virale), et ce dans une situation générale où nous étions dépourvus de tout traitement efficace, ce que, globalement, nous sommes encore; contre les pour : pour la même raison que par l'argument contre les contre, le professeur Raoult n'a pas proposé un traitement contre cette maladie, mais une action très limitée, visant à, autant que possible, affaiblir le virus. Il n'est donc ni un charlatan, ni un génie, mais un médecin qui a essayé d'aider des patients, pendant que d'autres dissertaient sur des plateaux de télévision sur ce qu'il fallait faire et ne pas faire - et, à ce stade, il suffirait de repasser quelques émissions de télévision ou de radio pour que ces prétentions se révèlent ridicules. En raison de cette division/diversion sur le face-à-face des pour/contre, bien des questions/perspectives essentielles sont restées, occultées, non débattues. On ne remerciera donc pas les médias, addicts au manichéisme.
On le sait : "on" dit que les Français sont "cartésiens". L'air de rien, ainsi, 66 millions de personnes se voient caractériser par, une réflexion, une "logique", au point d'être méthodique, une volonté de penser, de résoudre des problèmes, etc. Mais, comme le texte ci-dessous (2ème partie du "Discours de la Méthode"), ce serait formidable que les Français soient cartésiens, mais non. Evidemment, ils peuvent le devenir. Comment ? Dans cette partie du Discours, Descartes valorise le principe de la planification, par la construction d'une cité, dont les rues, les habitats, sont déterminés par un "plan", unique. Est-ce que les Français "planifient" ? La "crise" actuelle a démontré qu'il n'en est rien - puisque ce qui existait au niveau étatique sous la dénomination du "commissariat au plan" a officiellement et largement disparu. Il répète cette valorisation dans le principe d'une constitution, fondée par un "prudent législateur". Qu'en est-il de notre "constitution" ? Nous laissons lecteurs et lectrices procéder à leur propre évaluation. Si Descartes préfère se réformer que réformer, il affirme l'extrême importance et de réformer un Etat, "en y changeant tout depuis les fondements et en le renversant pour le redresser", mais aussi de réformer le corps des sciences, ou l’ordre établi dans les écoles pour les enseigner", ce qui, par ce que cela dépasse ses forces et les forces sociales dans la France de son temps, doit donc être renvoyé à plus tard. Mais comment en venir à de telles réformes si essentielles si nous ne commençons par celle qui est à notre portée ? : nos principes et nos productions mentales, habituelles, fondamentales, quotidiennes. Or, comment faut-il procéder selon lui, pour CHANGER ? "Le premier étoit de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c’est-à-dire, d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenteroit si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute.". Au moment où ces lignes sont écrites, des affirmations circulent sur les réseaux sociaux, concernant le virus #SarsCov2. Certains les affirment, comme des "vérités révélées". Ils ont accès à des "secrets". Peuvent-ils démontrer ce qu'ils affirment ? Non. Si nous reprenons à notre compte ce genre d'affirmations, nous recevons quelque chose pour vraie que nous ne connaissons pas comme telle. Concernant un tel sujet, Descartes fait valoir une méthode analytique et globale : Le second, de diviser chacune des difficultés que j’examinerois, en autant de parcelles qu’il se pourroit, et qu’il seroit requis pour les mieux résoudre. Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connoître, pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connoissance des plus composés, et supposant même de l’ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres. Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre.". On le voit : la pensée cartésienne est absolument exigeante. Les Français sont-ils cartésiens ? Leurs pratiques répondent par elles-mêmes. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire. Ce n'est pas parce que ce cartésianisme est censé exister depuis près de 500 ans qu'il faudrait y renoncer, d'autant que cette "existence" de cette pensée est restée largement virtuelle : célébrée, mais non appliquée. Par exemple, bien que les citoyens expriment une large défiance envers les médias, il y a encore une tout aussi large crédulité à l'égard de ce que l'on appréhende avec objectivité et neutralité, "l'information", alors que nombre de ce qui est diffusé dans ce champ en tant que telle, "l'information", est souvent un mélange de vrai et de faux, partiel et partial, etc. Il ne s'agit pas, par une mauvaise logique, de considérer que TOUT ce qui se diffuse dans ce champ est, à priori, faux, mais qu'il y a tant de faussetés, dans l'histoire de ces médias et au présent, que, comme Descartes le constate logiquement, il n'est pas pertinent de maintenir une confiance à ce qui m'a déjà trompé. Mais il s'agit de considérer que la part de faux, de faussetés, est tellement importante qu'il est donc absolument nécessaire d'exercer une vigilance permanente. Et avant même d'être vigilant envers ce qui vient de l'extérieur, il faut commencer impérativement par soi-même, puisque, là, tout dépend de nous.
J’étois alors en Allemagne, où l’occasion des guerres qui n’y sont pas encore finies m’avoit appelé ; et comme je retournois du couronnement de l’empereur vers l’armée, le commencement de l’hiver m’arrêta en un quartier où, ne trouvant aucune conversation qui me divertît, et n’ayant d’ailleurs, par bonheur, aucuns soins ni passions qui me troublassent, je demeurois tout le jour enfermé seul dans un poêle, où j’avois tout le loisir de m’entretenir de mes pensées. Entre lesquelles l’une des premières fut que je m’avisai de considérer que souvent il n’y a pas tant de perfection dans les ouvrages composés de plusieurs pièces, et faits de la main de divers maîtres, qu’en ceux auxquels un seul a travaillé. Ainsi voit-on que les bâtiments qu’un seul architecte a entrepris et achevés ont coutume d’être plus beaux et mieux ordonnés que ceux que plusieurs ont tâché de raccommoder, en faisant servir de vieilles murailles qui avoient été bâties à d’autres fins. Ainsi ces anciennes cités qui, n’ayant été au commencement que des bourgades, sont devenues par succession de temps de grandes villes, sont ordinairement si mal compassées, au prix de ces places régulières qu’un ingénieur trace à sa fantaisie dans une plaine, qu’encore que, considérant leurs édifices chacun à part, on y trouve souvent autant ou plus d’art qu’en ceux des autres, toutefois, à voir comme ils sont arrangés, ici un grand, là un petit, et comme ils rendent les rues courbées et inégales, on diroit que c’est plutôt la fortune que la volonté de quelques hommes usants de raison, qui les a ainsi disposés. Et si on considère qu’il y a eu néanmoins de tout temps quelques officiers qui ont eu charge de prendre garde aux bâtiments des particuliers, pour les faire servir à l’ornement du public, on connoîtra bien qu’il est malaisé, en ne travaillant que sur les ouvrages d’autrui, de faire des choses fort accomplies. Ainsi je m’imaginai que les peuples qui, ayant été autrefois demi-sauvages, et ne s’étant civilisés que peu à peu, n’ont fait leurs lois qu’à mesure que l’incommodité des crimes et des querelles les y a contraints, ne sauroient être si bien policés que ceux qui, dès le commencement qu’ils se sont assemblés, ont observé les constitutions de quelque prudent législateur. Comme il est bien certain que l’état de la vraie religion, dont Dieu seul a fait les ordonnances, doit être incomparablement mieux réglé que tous les autres. Et, pour parler des choses humaines, je crois que si Sparte a été autrefois très florissante, ce n’a pas été à cause de la bonté de chacune de ses lois en particulier, vu que plusieurs étoient fort étranges, et même contraires aux bonnes mœurs ; mais à cause que, n’ayant été inventées que par un seul, elles tendoient toutes à même fin. Et ainsi je pensai que les sciences des livres, au moins celles dont les raisons ne sont que probables, et qui n’ont aucunes démonstrations, s’étant composées et grossies peu à peu des opinions de plusieurs diverses personnes, ne sont point si approchantes de la vérité que les simples raisonnements que peut faire naturellement un homme de bon sens touchant les choses qui se présentent. Et ainsi encore je pensai que pour ce que nous avons tous été enfants avant que d’être hommes, et qu’il nous a fallu long-temps être gouvernés par nos appétits et nos précepteurs, qui étoient souvent contraires les uns aux autres, et qui, ni les uns ni les autres, ne nous conseilloient peut-être pas toujours le meilleur, il est presque impossible que nos jugements soient si purs ni si solides qu’ils auroient été si nous avions eu l’usage entier de notre raison dès le point de notre naissance, et que nous n’eussions jamais été conduits que par elle.
Il est vrai que nous ne voyons point qu’on jette par terre toutes les maisons d’une ville pour le seul dessein de les refaire d’autre façon et d’en rendre les rues plus belles ; mais on voit bien que plusieurs font abattre les leurs, pour les rebâtir, et que même quelquefois ils y sont contraints, quand elles sont en danger de tomber d’elles-mêmes, et que les fondements n’en sont pas bien fermes. À l’exemple de quoi je me persuadai qu’il n’y auroit véritablement point d’apparence qu’un particulier fît dessein de réformer un état, en y changeant tout dès les fondements, et en le renversant pour le redresser ; ni même aussi de réformer le corps des sciences, ou l’ordre établi dans les écoles pour les enseigner : mais que, pour toutes les opinions que j’avois reçues jusques alors en ma créance, je ne pouvois mieux faire que d’entreprendre une bonne fois de les en ôter, afin d’y en remettre par après ou d’autres meilleures, ou bien les mêmes lorsque je les aurois ajustées au niveau de la raison. Et je crus fermement que par ce moyen je réussirois à conduire ma vie beaucoup mieux que si je ne bâtissois que sur de vieux fondements, et que je ne m’appuyasse que sur les principes que je m’étois laissé persuader en ma jeunesse, sans avoir jamais examiné s’ils étoient vrais. Car, bien que je remarquasse en ceci diverses difficultés, elles n’étoient point toutefois sans remède, ni comparables à celles qui se trouvent en la réformation des moindres choses qui touchent le public. Ces grands corps sont trop malaisés à relever étant abattus, ou même à retenir étant ébranlés, et leurs chutes ne peuvent être que très rudes. Puis, pour leurs imperfections, s’ils en ont, comme la seule diversité qui est entre eux suffit pour assurer que plusieurs en ont, l’usage les a sans doute fort adoucies, et même il en a évité ou corrigé insensiblement quantité, auxquelles on ne pourroit si bien pourvoir par prudence ; et enfin elles sont quasi toujours plus supportables que ne seroit leur changement ; en même façon que les grands chemins, qui tournoient entre des montagnes, deviennent peu à peu si unis et si commodes, à force d’être fréquentés, qu’il est beaucoup meilleur de les suivre, que d’entreprendre d’aller plus droit, en grimpant au-dessus des rochers et descendant jusques aux bas des précipices.
C’est pourquoi je ne saurois aucunement approuver ces humeurs brouillonnes et inquiètes, qui, n’étant appelées ni par leur naissance ni par leur fortune au maniement des affaires publiques, ne laissent pas d’y faire toujours en idée quelque nouvelle réformation ; et si je pensois qu’il y eût la moindre chose en cet écrit par laquelle on me pût soupçonner de cette folie, je serois très marri de souffrir qu’il fût publié. Jamais mon dessein ne s’est étendu plus avant que de tâcher à réformer mes propres pensées, et de bâtir dans un fonds qui est tout à moi. Que si mon ouvrage m’ayant assez plu, je vous en fais voir ici le modèle, ce n’est pas, pour cela, que je veuille conseiller à personne de l’imiter. Ceux que Dieu a mieux partagés de ses grâces auront peut-être des desseins plus relevés ; mais je crains bien que celui-ci ne soit déjà que trop hardi pour plusieurs. La seule résolution de se défaire de toutes les opinions qu’on a reçues auparavant en sa créance n’est pas un exemple que chacun doive suivre. Et le monde n’est quasi composé que de deux sortes d’esprits auxquels il ne convient aucunement : à savoir de ceux qui, se croyant plus habiles qu’ils ne sont, ne se peuvent empêcher de précipiter leurs jugements, ni avoir assez de patience pour conduire par ordre toutes leurs pensées, d’où vient que, s’ils avoient une fois pris la liberté de douter des principes qu’ils ont reçus, et de s’écarter du chemin commun, jamais ils ne pourroient tenir le sentier qu’il faut prendre pour aller plus droit, et demeureroient égarés toute leur vie ; puis de ceux qui, ayant assez de raison ou de modestie pour juger qu’ils sont moins capables de distinguer le vrai d’avec le faux que quelques autres par lesquels ils peuvent être instruits, doivent bien plutôt se contenter de suivre les opinions de ces autres, qu’en chercher eux-mêmes de meilleures.
Et pour moi j’aurois été sans doute du nombre de ces derniers, si je n’avois jamais eu qu’un seul maître, ou que je n’eusse point su les différences qui ont été de tout temps entre les opinions des plus doctes. Mais ayant appris dès le collége qu’on ne sauroit rien imaginer de si étranger et si peu croyable, qu’il n’ait été dit par quelqu’un des philosophes ; et depuis, en voyageant, ayant reconnu que tous ceux qui ont des sentiments fort contraires aux nôtres ne sont pas pour cela barbares ni sauvages, mais que plusieurs usent autant ou plus que nous de raison ; et ayant considéré combien un même homme, avec son même esprit, étant nourri dès son enfance entre des Français ou des Allemands, devient différent de ce qu’il seroit s’il avoit toujours vécu entre des Chinois ou des cannibales, et comment, jusques aux modes de nos habits, la même chose qui nous a plu il y a dix ans, et qui nous plaira peut-être encore avant dix ans, nous semble maintenant extravagante et ridicule ; en sorte que c’est bien plus la coutume et l’exemple qui nous persuade, qu’aucune connoissance certaine ; et que néanmoins la pluralité des voix n’est pas une preuve qui vaille rien, pour les vérités un peu malaisées à découvrir, à cause qu’il est bien plus vraisemblable qu’un homme seul les ait rencontrées que tout un peuple ; je ne pouvois choisir personne dont les opinions me semblassent devoir être préférées à celles des autres, et je me trouvai comme contraint d’entreprendre moi-même de me conduire.
Mais, comme un homme qui marche seul, et dans les ténèbres, je me résolus d’aller si lentement et d’user de tant de circonspection en toutes choses, que si je n’avançois que fort peu, je me garderois bien au moins de tomber. Même je ne voulus point commencer à rejeter tout-à-fait aucune des opinions qui s’étoient pu glisser autrefois en ma créance sans y avoir été introduites par la raison, que je n’eusse auparavant employé assez de temps à faire le projet de l’ouvrage que j’entreprenois, et à chercher la vraie méthode pour parvenir à la connoissance de toutes les choses dont mon esprit seroit capable.
J’avois un peu étudié, étant plus jeune, entre les parties de la philosophie, à la logique, et, entre les mathématiques, à l’analyse des géomètres et à l’algèbre, trois arts ou sciences qui sembloient devoir contribuer quelque chose à mon dessein. Mais, en les examinant, je pris garde que, pour la logique, ses syllogismes et la plupart de ses autres instructions servent plutôt à expliquer à autrui les choses qu’on sait, ou même, comme l’art de Lulle, à parler sans jugement de celles qu’on ignore, qu’à les apprendre ; et bien qu’elle contienne en effet beaucoup de préceptes très vrais et très bons, il y en a toutefois tant d’autres mêlés parmi, qui sont ou nuisibles ou superflus, qu’il est presque aussi malaisé de les en séparer, que de tirer une Diane ou une Minerve hors d’un bloc de marbre qui n’est point encore ébauché. Puis, pour l’analyse des anciens et l’algèbre des modernes, outre qu’elles ne s’étendent qu’à des matières fort abstraites, et qui ne semblent d’aucun usage, la première est toujours si astreinte à la considération des figures, qu’elle ne peut exercer l’entendement sans fatiguer beaucoup l’imagination ; et on s’est tellement assujetti en la dernière à certaines règles et à certains chiffres, qu’on en a fait un art confus et obscur qui embarrasse l’esprit, au lieu d’une science qui le cultive. Ce qui fut cause que je pensai qu’il falloit chercher quelque autre méthode, qui, comprenant les avantages de ces trois, fût exempte de leurs défauts. Et comme la multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices, en sorte qu’un état est bien mieux réglé lorsque, n’en ayant que fort peu, elles y sont fort étroitement observées ; ainsi, au lieu de ce grand nombre de préceptes dont la logique est composée, je crus que j’aurois assez des quatre suivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de ne manquer pas une seule fois à les observer.
Le premier étoit de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c’est-à-dire, d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenteroit si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute.
Le second, de diviser chacune des difficultés que j’examinerois, en autant de parcelles qu’il se pourroit, et qu’il seroit requis pour les mieux résoudre.
Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connoître, pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connoissance des plus composés, et supposant même de l’ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres.
Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre.
Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations, m’avoient donné occasion de m’imaginer que toutes les choses qui peuvent tomber sous la connoissance des hommes s’entresuivent en même façon, et que, pourvu seulement qu’on s’abstienne d’en recevoir aucune pour vraie qui ne le soit, et qu’on garde toujours l’ordre qu’il faut pour les déduire les unes des autres, il n’y en peut avoir de si éloignées auxquelles enfin on ne parvienne, ni de si cachées qu’on ne découvre. Et je ne fus pas beaucoup en peine de chercher par lesquelles il étoit besoin de commencer : car je savois déjà que c’étoit par les plus simples et les plus aisées à connoître ; et, considérant qu’entre tous ceux qui ont ci-devant recherché la vérité dans les sciences, il n’y a eu que les seuls mathématiciens qui ont pu trouver quelques démonstrations, c’est-à-dire quelques raisons certaines et évidentes, je ne doutois point que ce ne fût par les mêmes qu’ils ont examinées ; bien que je n’en espérasse aucune autre utilité, sinon qu’elles accoutumeroient mon esprit à se repaître de vérites, et ne se contenter point de fausses raisons. Mais je n’eus pas dessein pour cela de tâcher d’apprendre toutes ces sciences particulières qu’on nomme communément mathématiques ; et voyant qu’encore que leurs objets soient différents, elle ne laissent pas de s’accorder toutes, en ce qu’elles n’y considèrent autre chose que les divers rapports ou proportions qui s’y trouvent, je pensai qu’il valoit mieux que j’examinasse seulement ces proportions en général, et sans les supposer que dans les sujets qui serviroient à m’en rendre la connoissance plus aisée, même aussi sans les y astreindre aucunement, afin de les pouvoir d’autant mieux appliquer après à tous les autres auxquels elles conviendroient. Puis, ayant pris garde que pour les connoître j’aurois quelquefois besoin de les considérer chacune en particulier, et quelquefois seulement de les retenir, ou de les comprendre plusieurs ensemble, je pensai que, pour les considérer mieux en particulier, je les devois supposer en des lignes, à cause que je ne trouvois rien de plus simple, ni que je pusse plus distinctement représenter à mon imagination et à mes sens ; mais que, pour les retenir, ou les comprendre plusieurs ensemble, il falloit que je les expliquasse par quelques chiffres les plus courts qu’il seroit possible ; et que, par ce moyen, j’emprunterois tout le meilleur de l’analyse géométrique et de l’algèbre, et corrigerois tous les défauts de l’une par l’autre.
Comme en effet j’ose dire que l’exacte observation de ce peu de préceptes que j’avois choisis me donna telle facilité à démêler toutes les questions auxquelles ces deux sciences s’étendent, qu’en deux ou trois mois que j’employai à les examiner, ayant commencé par les plus simples et plus générales, et chaque vérité que je trouvois étant une règle qui me servoit après à en trouver d’autres, non seulement je vins à bout de plusieurs que j’avois jugées autrefois très difficiles, mais il me sembla aussi vers la fin que je pouvois déterminer, en celles même que j’ignorois, par quels moyens et jusqu’où il étoit possible de les résoudre. En quoi je ne vous paroîtrai peut-être pas être fort vain, si vous considérez que, n’y ayant qu’une vérité de chaque chose, quiconque la trouve en sait autant qu’on en peut savoir ; et que, par exemple, un enfant instruit en l’arithmétique, ayant fait une addition suivant ses règles, se peut assurer d’avoir trouvé, touchant la somme qu’il examinoit, tout ce que l’esprit humain sauroit trouver : car enfin la méthode qui enseigne à suivre le vrai ordre, et à dénombrer exactement toutes les circonstances de ce qu’on cherche, contient tout ce qui donne de la certitude aux règles d’arithmétique.
Mais ce qui me contentoit le plus de cette méthode étoit que par elle j’étois assuré d’user en tout de ma raison, sinon parfaitement, au moins le mieux qui fût en mon pouvoir : outre que je sentois, en la pratiquant, que mon esprit s’accoutumoit peu à peu à concevoir plus nettement et plus distinctement ses objets ; et que, ne l’ayant point assujettie à aucune matière particulière, je me promettois de l’appliquer aussi utilement aux difficultés des autres sciences que j’avois fait à celles de l’algèbre. Non que pour cela j’osasse entreprendre d’abord d’examiner toutes celles qui se présenteroient, car cela même eût été contraire à l’ordre qu’elle prescrit : mais, ayant pris garde que leurs principes devoient tous être empruntés de la philosophie, en laquelle je n’en trouvois point encore de certains, je pensai qu’il falloit avant tout que je tâchasse d’y en établir ; et que, cela étant la chose du monde la plus importante, et où la précipitation et la prévention étoient le plus à craindre, je ne devois point entreprendre d’en venir à bout que je n’eusse atteint un âge bien plus mûr que celui de vingt-trois ans que j’avois alors, et que je n’eusse auparavant employé beaucoup de temps à m’y préparer, tant en déracinant de mon esprit toutes les mauvaises opinions que j’y avois reçues avant ce temps-là, qu’en faisant amas de plusieurs expériences, pour être après la matière de mes raisonnements, et en m’exerçant toujours en la méthode que je m’étois prescrite, afin de m’y affermir de plus en plus.
Netflix est une plateforme américaine. Avec cette série, et d'autres, elle donne dans le "devoir de mémoire", national et international. A partir de la parole de témoins, des proches, des amis, de Robert Kennedy, la plateforme a réalisé une série, en compilant des archives. La parole des témoins fait le lien entre les époques, les situations. Mais autant que les principaux témoins, la plateforme n'a pas financé une enquête. La série ne révèle rien, mais expose ce qui est connu. Dans le cas de celui qui a été condamné pour l'assassinat de Robert Kennedy, Sirhan Sirhan, il apparaît évident qu'il n'était pas dans un état psychologique qui lui aurait permis de tuer RFK, et, pour les témoins comme pour la police scientifique, à la distance adaptée aux tirs mortels. Dans ces épisodes, vous pouvez entendre à quel point RFK méprisait et détestait Lyndon Johnson, lequel éprouvait les mêmes sentiments le concernant. Et la figure d'Edgar Hoover est totalement absente. L'idéaliste RFK marchait dans la vie comme il pensait : sans garde du corps, sans conscience non seulement de la possibilité de la menace, mais de sa nécessité. Pour le véritable tueur, ce crime fut un tir au pigeon. Pour prendre le contre-pied de la trop célèbre et incomprise phrase de Nietzsche, "ce qui ne me tue pas..." : ce qui me tue, en effet, me rend moins fort. Définitivement. Dans ce pays, les rois des armes sont ceux qui ont "un droit", spécial, d'usage : "licence to kill" est l'expression de la "philosophie" made in Washington. L'un d'eux est devenu l'homme le plus puissant de ce pays : Edgar Hoover. Sa responsabilité dans des crimes est connue - ET reste à connaître.
Dans le reportage ci-dessous, ne pas tenir compte de certaines déclarations fantaisistes, comme "Hoover a un projet : éradiquer la violence". Sans doute une private joke des producteurs...
Dans cet ouvrage, Jean-Pierre Dupuy affirme, dès le premier chapitre, et à l'occasion de son expression publique, comme dans l'émission "Interdit d'interdire" déjà signalé ici, et dans cette conférence récente reproduite ci-dessous, que "(presque) tout le monde s'en fiche". C'est la première, mais pas la dernière, de ses affirmations, que nous devons contredire. Cet ouvrage, savant, est la démonstration, remarquable et terrible, qu'un travail fondé et sur une bonne volonté, et sur une somme impressionnante de connaissances, peut néanmoins "taper à côté" du sujet, du problème, en raison d'un certain nombre de postulats erronés et de perspectives essentielles ignorées ou occultées. Il faut donc dire que cette lecture, critique, de l'ouvrage, est fondée sur un véritable respect envers l'auteur. La faiblesse commune va à préférer les flatteurs, mais la raison sait que les véritables amis se disent "la vérité". Alors, pour commencer, non, "tout le monde ne s'en fiche pas", mais le "feu nucléaire" a été mis à distance des citoyens, par les, rares, Etats, qui en sont les prétendants "bons détenteurs". Le "secret" règne sur ce sujet, relativement. La diminution, régulière, du nombre et de la gravité des guerres, outre la bonne nouvelle qu'elle représente pour la majorité des civils sur cette planète, a pu les convaincre que la menace d'une confrontation militaire de très haut niveau, laquelle pourrait impliquer l'usage des armes nucléaires, se réduisait également, ou était nulle, en raison de la trop fameuse "dissuasion", mais il n'en reste pas moins que nombre de civils considèrent que l'EXISTENCE même de ces armes, en tant qu'épée de Damoclès sur leurs têtes, constitue ENCORE et DEFINITIVEMENT un scandale, un crime, avant même le crime, et qu'il fallait militer pour le désarmement. Enfin, dans le cadre des mobilisations dans le monde entier contre telle ou telle guerre, "en puissance ou en acte" pour reprendre des termes aristotéliciens, étaient également visés, implicitement ou explicitement, ces armes, ce risque. Une autre affirmation, "banale", et, précisément, en tant que telle, inattendue sous la plume d'un professeur de Philosophie qui est censé se méfier des on-dit qui circulent, c'est que, depuis l'apparition de cette arrme, "l'Humanité" s'est mise en situation de s'auto-détruire. Or, ce n'est pas "l'Humanité" qui s'est mise en situation, mais, dans des pays bien spécifiques, une MINORITE, intellectuelle, théorico-pratique, les savants et les politiques, lesquels ont posé le principe du fait qui est le droit : nous avons l'arme nucléaire, donc, nous l'incluons dans notre arsenal, et nous en faisons une force de "dissuasion", mais en fait, de menace. Donc, de ce point de vue, Jean-Pierre Dupuy a raison de dire que le non-usage, APRES NAGASAKI, de cette arme, jusqu'ici, ne repose pas sur une rationalité efficace et certaine, mais, un, sur de la chance, et il rappelle des situations où ces armes ont failli être utilisées "par erreur", deux, sur le fait qu'aucun conflit n'a atteint une telle intensité que, pour les militaires concernés, son usage passait de possible à nécessaire (la crise des missiles à Cuba étant l'exception qui confirme cette "règle", de fait). Mais ce non usage est l'Histoire même depuis HIROSHIMA et NAGASAKI. Donc, des humains ont osé se servir de ces armes, pour viser des cibles largement civiles... Il est parfaitement légitime de considérer que les victimes de ces deux explosions ont servi de cobayes "vivants" concernant la réalité de ce feu nucléaire, dans la mesure où les Etats-Unis pouvaient faire une démonstration, sans victimes, afin de convaincre le gouvernement japonais de cesser la guerre. Il est étonnant que, depuis ces deux explosions, aucun parallèle n'ait été fait entre les camps d'extermination nazis et ces deux explosions-exterminations. C'est que l'arme nucléaire est l'arme de l'être/néant, par lequel son prétendu usager en droit affirme la négation de l'Autre, ce qui constitue la définition simple et radicale du projet génocidaire nazi. On objectera superficiellement que les dirigeants des Etats-Unis n'avaient pas un tel projet génocidaire contre les Japonais, parce que l'on confond l'action avec l'intention. Or, sans avoir cette intention explicite, l'action même de l'explosion a fait disparaître des milliers de personnes, dans un gigantesque "four crématoire". Et si le gouvernement japonais n'avait pas cédé, est-ce à dire que les Etats-Unis auraient continué à bombarder le Japon avec de telles armes ? Et jusqu'où ? Il faut donc interroger cette cécité, depuis cette époque, notamment dans le monde des penseurs, mais évidemment, chez ces "décisionnaires" "en chef". Parce que, pour les civils, ils ont parfaitement compris le sens de la menace. Actuellement, quelques individus sur cette planète sont en capacité de perpétrer, sous des prétextes ou des motifs, fallacieux ou apparemment moins fallacieux, un crime contre l'Humanité, sur le simple fait de leur volonté. Si on peut se réjouir que, après Hitler, il n'y ait pas eu d'autres Hitler, il ne faut pas se focaliser sur le profit spécifique de ce "tueur en série", pour croire que seul ce profit peut conduire à de telles décisions/conséquences, d'autant que le seul humain qui ait jamais pris une telle décision ne fut pas Hitler (on sait qu'il l'aurait fait, si...), mais ce petit bonhomme, à l'allure anonyme, Harry Truman. Or, ce sont des chemins et des problèmes que cet essai ignore, d'autant que son propre titre est en contradiction avec son propos "La guerre qui ne peut pas avoir lieu", dans la mesure où le propos dépasse la problématique conflictuelle (guerre ou pas guerre), pour se concentrer sur l'existence de la puissance nucléaire militaire, son encadrement paradoxal par des "logiques" et des "raisons", qui dissimulent le désir criminel de la plus grande violence. Avec ces Etats-de-droit, "justifiés" par la "philosophie libérale", et dans lesquels, par exemple, le Français, un des principes fondamentaux du Droit est le fait que nul ne dispose d'un droit spécial qui justifie qu'il puisse causer, sauf motifs légitimes ou nécessaires, un préjudice à autrui, et, sinon, doit le réparer. Or ce sont de tels "Etats-de-droits" qui prétendent disposer d'un "droit exceptionnel", un droit de mort, sur toutes les vies de cette planète, au motif qu'ils ONT l'outil pour. Dans l'hypothèse d'un usage, l'hypothèse d'une possibilité de réparation est nulle. Donc, en soi, être en situation de pouvoir causer, que cela soit la conséquence d'une décision pesée, "justifiée", ou d'un accident, un tel préjudice est en soi un préjudice causé aux Droits Humains Universels, et doit donc être et attaqué et abandonné. Nous constatons que, à une époque où, en raison des dangers ET des destructions, sur et contre la vie terrestre, la "biodiversité", jusqu'à nous-mêmes, abîmés, empoisonnés, etc, par des "droits exceptionnels" que des entités, Etats ou entreprises, s'auto-attribuent, ce droit, génocidaire, de tuer, n'est pas, intellectuellement, cité, ciblé, remis en cause, principalement par les intellectuels capables de formuler les volontés universelles et les volontés populaires, et les luttes sociales contre ces dangers ET destructions ne les relient pas à ce "privilège" criminel. Pourtant, il serait cohérent qu'un mouvement pour le monde vivant soit aussi un mouvement pour la paix, pour le désarmement sous contrôle des populations. Le danger réside dans l'existence des Dangereux, de ce qui sont heureux d'être des Dangers : les Nihilistes (cf "l'Armée des 12 Singes"). De ces "Nihilistes" dont les premiers ont été les Gnostiques, créateurs de la matrice Manichéenne, nous avons traité la folie et les propos, dans une conférence, désormais publiée dans l'ouvrage "Dieu sans religions". Nous le répétons : les critiques exprimées ici sur les perspectives, les présupposés et les développements de ce livre n'induisent pas qu'il ne faut pas le lire, au contraire.
Alain Cauvet, jeune retraité de l'Education Nationale, est un passionné, depuis sa jeunesse, de la vie animale. Après plusieurs années de préparation, il publie depuis peu un essai tonique, engagé, où il met en cause un "biocide permanent ou la barbarie habituelle de l'homme". Si, il y a quelques années, un tel propos dans un tel ouvrage aurait reçu sa part de quolibets et un silence social, les choses ont changé - relativement. Autodidacte, le travail réalisé et publié est impressionnant. Il exprime, clairement, un radicalisme, dans la mesure où il vise et atteint jusqu'aux principes des problèmes. Comment l'humain a t-il pu, aussi longtemps, ne pas entendre la et les souffrances animales ? Comment n'a t-il pas vu qu'il détruisait des vies, sans que cela lui pose le moindre problème ? Cette déshumanisation a reposé sur une désincarnation - de soi et des animaux. Qui/quoi a été le plus déterminant dans cette désincarnation par laquelle les corps/chairs étaient réputés être "mauvais" ? Oui, vous pouvez tourner le regard vers...
Animal-objet, animal-pantin, animal de consommation, animal de rente, de laboratoire, de course, de chasse, de jeux…, la panoplie de l’utilisation de l’animal est pléthore.L’horreur fait souvent partie de son quotidien avec son oppresseur à ses côtés ou par procuration. Le dessein de l’animal est tracé puisque à la merci de cet être humain qui n’a aucun ou si peu d’égard pour lui. Le sceau de l’esclavage l’a marqué à jamais. L’animal est chosifié avec toute la brutalité, toute la violence des humains qui l’asservissent jusqu’à aujourd’hui. Le vol planifié de la vie demeure une norme qu’il ne faut surtout pas remettre en question. L’homme ne peut laisser l’animal tranquille. Pour lui, c’est un postulat, une obsession. Il doit l’utiliser, le poursuivre, le harceler, l’attraper, l’emprisonner, le chasser, l’user, le torturer, le tourmenter, le tuer. Aucune considération n’est à attendre de cet humain qui, bien souvent, ne respecte même pas ses propres congénères. Rares dans l’histoire, sont les exemples de groupes humains ayant prôné et concrétisé le respect total envers l’animal. Néanmoins, s’ils existent, certes en nombre limité, cela prouve que cela reste possible. Alors, quand l’homme décillera-t-il enfin ses yeux en ce siècle dit de progrès ? En saisissant les possibilités d’un animal quel qu’il soit et, en acceptant qu’il ne soit plus sa propriété, pourquoi l’homme ne s’ouvrirait-il pas au Respect. Celui de la vie, de sa splendeur ! Ce serait aussi une ode à son ennoblissement. Ainsi, les sociétés, se tournant vers l’animal avec probité au lieu de l’abâtardir, de l’accaparer, de le rabaisser, de l’exploiter pourraient sans doute, être différentes car davantage empreintes de calme, de paix, de mansuétude, de sérénité, de bonté à condition de le voir, de l’entendre et de le traiter d’égal à égal en dehors des pratiques exercées depuis la nuit des temps. Reconnaître l’animal pour marcher sur les chemins de la fraternité humaine, chimère ?
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