Des violences subies par les enfants/adolescents, les chiffres connus, pour la France, sont nécessairement inférieurs à la réalité, puisqu'il faut qu'il y ait une perception d'une violence pour qu'elle soit, d'une manière ou d'une autre, enregistrée. Ces jours-ci, et après que Camille Kouchner ait témoigné, nous assistons à la publication, par des milliers de personnes, de "témoignages", notamment sur Twitter, Facebook, et on peut penser que la grande majorité de ceux-ci sont, sincères, crédible - ce qui est terrible. On constate que, dans des milliers de familles de ce pays, des hommes, principalement, et parfois, des femmes, se sont crus autorisés à utiliser leur force physique pour imposer à des enfants, des, attouchements, viols, ... Et, de ces actes, nous savons qu'une part infinitésimale a fait l'objet : de dénonciations auprès de la Justice/Police; et encore moins, de poursuites, de procès; et encore moins de condamnations; et encore moins de condamnations significatives. Autrement dit : des délinquants/criminels vivent sans jamais être poursuivis, inquiétés, et ils sont des centaines de milliers. Mais pourquoi ? C'est qu'une famille est par essence un cadre d'enfermement, ce que le terme de "cellule" familiale dit parfaitement. Derrière les murs des maisons, des appartements, il se dit, se fait, des choses, que les autres ne peuvent percevoir. Les familles sont donc, c'est une évidence, et pourtant, c'est une évidence contestée, LE LIEU de tous les dangers pour les enfants, desquels il faut les protéger. Et comment faire ? Si on attend, comme y invite cette tribune pour laquelle l'enfer peut et doit être pavé des meilleurs intentions, les faits délictueux ou criminels se produisent. Il faut donc les empêcher, en amont. Comment ? Pour cela, il faut reprendre ce qui a déterminé "la cité idéale, de Platon, dans "Politeia" (la République), à savoir faire de la collectivité, une tutelle, concrète, sur les enfants, ce qui se passe partiellement, avec la présence des autres adultes, notamment via l'institution scolaire. Mais pour cela, il faut radicaliser cette logique, en actant le fait qu'il faut déclarer que, EN DROIT, les enfants ne sont pas la propriété de leurs parents biologiques ou tuteurs, mais que ceux-ci ont simplement un bénéfice, qui peut être révoqué, de responsabilité. Et pour cela, il faut aller à l'encontre de ce discours de tant qui affirment que nous "faisons ce que nous voulons avec nos enfants". Il faut donc articuler
une refonte du droit général, en libérant les enfants de la logique de la propriété
faire de tout adulte qui vit à proximité d'une famille, un tuteur de principe, au sens où il est aussi responsable, et a le droit de se renseigner sur ce qui se passe dans une famille
former les adultes à la gestion des enfants : nombre de parents sont absolument incapables de s'occuper des enfants, parce que ceci dépasse leurs capacités et leur volonté
punir sévèrement le non respect des enfants, et notamment les préjudices corporels/psychiques
développer un service public de l'enfance par lequel des enfants sans famille ou ayant une famille déficiente pourront être protégés, instruits, divertis, soutenus
Au printemps, pendant la première période de confinement, a été publié ici un premier texte consacré à cette question : de l'Allemagne, maintenant, que devons-nous en penser, savoir ? Un lecteur, ami, de ce blog, germanophile au point d'y effectuer un voyage par an et ce depuis trois décennies au moins, a proposé ce texte, par lequel il entend parler, témoigner, de quelques "choses vues" dans l'Allemagne contemporaine, qu'il met en regard avec le passé. L'Allemagne concernée est celle de l'ouest. Par ce texte, son auteur, "Michel", n'entend pas, en quelques pages, épuiser le sujet. Il entend participer à un dialogue français sur ce que sont ces Européens de Germanie que certains n'hésitent pas à qualifier de "cousins".
Ci-dessous, le texte en PDF, et plusieurs émissions, produites et diffusées par la Maison Heinrich Heine,
Ce vendredi 16 octobre 2020, à proximité d’un collège de Conflans Sainte Honorine, a eu lieu un attentat sur la personne de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, assassiné pour avoir fait un cours sur la liberté d’expression. Cet assassinat a été renforcé d’un outrage au corps par décapitation, exposé publiquement sur l’internet. Par l’anéantissement de la vie et de l’intégrité corporelle de notre collègue, un message sanglant est adressé au corps enseignant, et, au-delà, au corps social tout entier. La terreur suscitée en chacun de nous vise à déclencher un mécanisme d’autocensure, fondé sur la peur individuelle. Il s’agit, par extension progressive, d’imposer une loi non républicaine à une nation laïque qui ne reconnaît pas de loi religieuse. L’attaque d’un professeur, responsable de la formation des jeunes générations, vise à accélérer ce processus pour l’étendre en totalité à notre société. Les philosophes des universités, par leur Coordination, appellent à résister à ce mécanisme d’intériorisation de la terreur, comme Samuel Paty en a montré l’exemple de son vivant. Nous exprimons notre solidarité envers tous nos collègues enseignants et envers toutes les personnes attaquées par les fous de Dieu, quels qu’ils soient. Aujourd’hui islamiste radicale, cette violence a traversé ou traverse encore d’autres confessions, et doit être combattue avec constance et égalité. Le fanatisme, que la philosophie a affronté au fil de son histoire, doit se voir opposer raison, discernement et courage. Les grandes déclarations et les cérémonies solennelles, malgré leur utilité cathartique, ne suffisent pas. Une réflexion profonde doit être engagée au sein de l’éducation nationale quant aux politiques qui l’ont régie depuis des décennies. L’attentat de ce vendredi a trouvé son impulsion dans la contestation abusive et mensongère d’un cours par des parents d’élèves, manifestant leur volonté d’immixtion dans l’activité professorale. Nous demandons instamment aux autorités publiques de faire le point sur les dérives à bas bruit qui ont permis d’aboutir à une telle atteinte. Depuis plusieurs décennies, l’implication des parents dans la vie des établissements scolaires s’est muée lentement mais sûrement en une remise en cause ouverte ou larvée de l’autorité du savoir et des professeurs, donnant lieu trop souvent à des violences verbales ou physiques envers les enseignants. Ce mouvement s’est pour l’instant arrêté à la porte des universités, sans qu’on puisse jurer qu’il n’y entrera jamais. C’est sur le savoir, sur son autorité paradoxale, étrangère au dogmatisme car mise méthodiquement à l’épreuve d’une autocritique rationnelle, que doit se fonder la pratique professorale, et sur rien d’autre. Il n’existe aucune autorité sacrée, aucun objet interdit. Les philosophes l’ont affirmé au cours de leur histoire, parfois au péril de leur vie, et ils ne cesseront de le réaffirmer, autant que nécessaire.
Il y a le religieux et les religions : le religieux dépasse largement les religions. A notre époque, le football mondial pourrait être considéré comme une religion. L'utile caractérisation du Ministère français en charge de ce sujet, le Ministère de l'Intérieur et des Cultes, nous permet de ne pas être piégé par ce terme de religion. La "tolérance", nous n'en avons absolument pas le primat, puisque nous vivons dans un pays qui a longtemps été dominé par de l'intolérance, des intolérances. Dans l'Antiquité, nos chers Grecs ne donnaient aucun sens à ce fanatisme pour la "vérité religieuse" : ils considéraient les autres cultes avec curiosité, intérêt, respect, et ils intégraient des Dieux et Deesses dans leur propre Panthéon. Convertir les autres à... ? Insensé(s). Au Japon, le Shintoisme n'impose aucun dogme, via un texte, et les adeptes vont souvent voir du côté du Bouddhisme, en cumulant les croyances plutôt qu'en retranchant. Pour les polythéistes, encore fort nombreux, comme en Inde, le passage du poly au mono est étrange : pourquoi de la pluralité divine passer à un Unique, tout seul ? ! Avec l'apparition des organisations "professionnelles" auto désignées comme "religion", l'extension du champ (au monde, par le nombre de croyants, par l'être même de Dieu) est synchrone avec une réduction (des vérités à "une" vérité, des représentants à un seul, des comportements à un seul, etc). Et quid du mono-théisme ? En Egypte, la comète n'était pas suivie comme son ombre par un double mauvais : Dieu était bien l'Unique. Le gnosticisme/manichéisme ne peut pas être confondu avec le monothéisme, et quand une organisation censément monothéiste est manichéenne, elle n'est plus monothéiste. Aspect absolument essentiel, qui requiert d'étudier ce pas de deux entre monothéisme et manichéisme, de Zoroastre à l'Inquisition. L'empereur romain dont les décisions auront eu le plus d'impact dans l'Histoire, Dece Trajan, est absolument méconnu. Regardez et vous comprendrez (lol, je me demande si le style n'est pas religieux... ). Conseils de lecture : deux ouvrages de Polymnia Athanassiadi, avec "La lutte pour l'orthodoxie dans le platonisme tardif" et "Vers la pensée unique". Les "théologies" ont prétendu être des "discours de raison", parce qu'elles étaient avant tout des raisonnements élaborés par plusieurs, mais les contradictions et problèmes sont nombreux et profonds. Si nous n'en disons rien, cela signifie que nous fonctionnons dans la logique des champs autonomes : la théologie aux théologiens, la philosophie aux philosophes - et la politique aux politiciens ? De prétendus théologiens se croient autorisés à intervenir dans notre champ, l'Education libre et critique : pourquoi nous taisons-nous quand, sur la base de leurs contradictions, des consciences se perdent ? Sur les caricatures : plusieurs constats, avec, pour commencer, l'indifférence de la majorité des croyants à. Hélas, la minorité restante est hyper active et fanatique. Face à une folie "raisonnée", il faut parler, répondre, et pas se taire, sinon, qui ne dit mot consent. Y a t-il un interdit coranique concernant la représentation du Prophète ? Non. Il a souvent été représenté. Les iconoclastes sont ce qu'ils sont, mais les Images sont au coeur de la pensée humaine, des échanges humains. Quand eux-mêmes évoquent "le Prophète", ils invitent les autres croyants à se former une image indéterminée de. Est-ce qu'une représentation caricaturale peut porter atteinte à un être, même sacralisé ? Mais comment ce qui est haut peut être atteint par ce qui est bas ? Si la majorité des croyants se moquent totalement de ces caricatures, c'est précisément au nom de cette raison : ils pensent et du coup, ils rient non pas avec les caricatures mais sur les caricatures. Il faut donc clairement le dire : sur une couverture de Charlie-Hebdo, il faut donc le dire clairement, "ceci n'est pas Mahomet". Les performances de la croyance religieuse s'expliquent-elles par une tendance générale à la crédulité ? Sur ce sujet de la représentation du Prophète, son exploitation sévit. Jusqu'au meurtre. Pourtant, formellement interdit par la parole coranique, en tant que plus grand des principes concernant les rapports inter-humains. Mais sur cette crédulité, exploitée, nous trouvons les confusions et les mensonges colportés par des "chrétiens", concernant "l'Apocalypse" : "révélations" à une période particulière de l'Histoire avant de basculer dans une autre Histoire, les réducteurs de tête comme de monde en affirment une "fin des temps", là encore contradictoire avec la volonté et la bonté de Dieu, qu'ils affirment dans leur théologie. Aux Etats-Unis, les adeptes de cette croyance sont nombreux et souhaitent que nous connaissions un chaos mondial, parce que, alors, Jésus reviendra, Dieu se manifestera. La folie des uns vaut celle des autres. Heureusement, à chaque fois annoncée, la fin des haricots a été repoussée aux calendes grecques. Donc, ce que Baruch Spinoza a commencé de faire dans le Tractatus, il faut en parler et le prolonger. Liberté de pensée et "raison", nous pouvons construire dessus une cité heureuse, radieuse, sans assassinés pour rien. Il ne faut donc pas avoir peur, mais nous engager, totalement, à fond, respectueusement de tout et de tous. Sauf de la folie cruelle. Il y a toujours une exception à la règle.
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